Salle du conseil.

L'intendante entra d'un pas décidé dans la salle, elle observa ses conseillers qui la regardaient d'un air surpris, ne sachant pas la raison de cet appel si précipité.

Messieurs-Dames je vous salue. Merci d'avoir répondu à mon appel. Le sujet dont je dois traiter avec vous est de la plus haute importance.

Onora prit le temps d'observer chaque membre de son conseil avant de continuer. Puis elle prit une profonde inspiration, et, de sa voix qu'elle utilisait à chaque fois qu'elle se trouvait en présence d'un de ses conseillers elle annonça.

Celui que vous nommez "l'enchanteur" m'a rendu visite il y a peu. Je ne vous répèterais pas le respect que j'aimerais que chacun de vous lui témoigne, car celà serait inutile, vous ne m'écouteriez pas.

Néanmoins, au-delà de ses petites querelles plus que fatiguantes au fil des années, Merlin m'a fait part d'un projet: une alliance entre les magiciens, et les guerriers.

Puis elle se tut. Et observa.

De nombreux murmures résonnèrent dans la salle. Les convoquer comme ça, au pied levé, et toute l'assemblée en même temps, c'était déjà fort. Mais en plus, proposer un projet tel que celui-ci ! Un des représentants des guerriers leva la main.

Quels seraient les avantages à une telle alliance ?

Onora voulait garder le problème des démons pour plus tard, car elle ne voulait pas d'une alliance par obligation.... alors elle tenta les autres arguments qu'elle pouvait posséder.

Nous avons beaucoup à apprendre des magiciens, et eux de nous. Ce savoir n'est pas négligeable. Ces petites gue-guerres ont assez durés. Des choses plus graves devraient nous préoccuper!

Elle fit une pause, et lançant un regard à l'assemblée, elle clama.

Rappellez-moi donc les causes de cette querelle qui n'a que trop durée?

Le même guerrier releva la main pour répondre :

Nous n'avons absolument pas besoin des magiciens ! Nous pouvons nous défendre seuls avec nos armes. Ils ne sont pas assez valeureux pour que nous combattions à leurs côtés.

Il se leva, avança vers le centre de la salle. Se retournant, il scruta tous les autres conseillers avec des yeux sévères, cherchant celui qui ne serait pas d'accord avec lui.

Onora s'avanca vers le guerrier et se plaça face à lui.

Si tu cherches quelqu'un qui ne partage pas tes propos, ne cherche plus!

L'homme la dépassait de peu, mais la jeune femme ne se laissa pas démonter, elle le fixa d'un regard noir et murmura d'un air menaçant.

Maintenant tu retournes t'assoir et tu ouvres tes oreilles, tant que je n'ai pas fini, tu te tais.

Puis, ne lui prétant plus la moindre attention elle se tourna vers le reste du conseil.

Je savais que les guerriers étaient un peuple beaucoup trop orgueilleux, celà n'a que trop duré!

Alors je répète ma question, et j'attends de vous une réponse:

Quelles sont les causes de cette interminable querelle?

Quelques murmures, encore, comme lors de toute réunion de ce genre. Mais personne n'osait donner une réponse franche à l'Intendante. Merlin, caché dans l'ombre de la pièce, s'était bien douté qu'Onora allait rassembler son Conseil. Lui, s'était installé dès qu'il était sorti de la chambre de l'Intendante. Encore une fois, il avait bien deviné. Elle se débrouillait bien, l'Intendante. Mais il allait lui donner un coup de pouce.

Avec un geste théâtral, Merlin apparut devant toute l'assemblée, surprise de sa présence. Il attendit un peu, le temps de les laisser digérer le sacrilège qu'il venait de commettre en venant à un Conseil auquel il ne faisait pas parti et répondit d'une voix forte :

Le fait est qu'il n'y en a aucune ! C'est tout simplement l'orgueil des guerriers qui leur dit de ne pas nous accepter, de nous rejeter ! Pour la simple raison que les Mages n'ont pas besoin de muscles pour accomplir plus de choses qu'eux !

Merlin marqua une courte pause avant de continuer, d'une voix moins forte :

Ce qu'il vous faut comprendre, c'est que nous devons nous unir. Nous ne formons qu'un seul et même peuple, nous sommes le Humains d'Avalon. Si nous restons séparés comme nous le sommes aujourd'hui, nous ne pourrons résister à une quelconque invasion. Que ce soit une invasion des Elfes Noirs, des Magiciens Noirs, des Gobelins ou même des Démons.

Nous avons besoin les uns des autres. Car nous somes tous frères. Et qu'il nous faut vivre.

Le représentant des guerriers n'était même pas allé s'assoir. Depuis que Merlin avait fait son apparition, il n'avait cessé de trépigner, la main sur la garde de son sabre. N'y tenant plus, il cria :

Regardez ! Cet enchanteur ose venir nous narguer jusque dans la salle du Conseil ! Et tout ça pour nous convaincre de lui donner nos secrets de l'art de la guerre !

Le guerrier monta sur l'estrade et déclama :

Je vais vous dire ce qu'il va se passer ! L'Intendante va nous ordonner d'aller montrer le maniement de l'épée à ces vulgaires enchanteurs ! Et une fois qu'ils l'auront appris, ils nous étriperont ! Ce sera l'extinction de la race des Guerriers !

Quelques-uns des autres conseillers étaient d'accord avec le représentant des Guerriers mais la grande majorité hochait la tête négativement, montrant leur profond désaccord.

Cette fois s'en était trop. Onora se dirigea d'un pas rageur vers le guerrier et l'attrapa à son col, elle le plaqua contre le mur et lui murmura

Cet enchanteur comme tu l'appelles aurait eu le temps de te tuer une bonne dizaine de fois, depuis que tu as ouvert ta bouche!

Elle le lacha, et l'homme s'affaissa misérablement sur le sol. Puis, la jeune femme se tourna vers le conseil.

Je n'ordonnerais jamais quoi que se soit qui puissent nous nuire! Merlin et ses mages ne connaitront pas nos plus vieux secrets, et il en sera de même pour les leurs! Prenez dès maintenant une décision, et faites pour vous que se soit la bonne!

Puis, Onora, d'un bras puissant rammasa l'homme toujours à terre, et plantant son regard dans le sien, elle appela en elle son pouvoir, et lui ordonna

A présent tu vas aller t'incliner devant Merlin en signe de respect et d'escuse, et après ça, tu iras en Avalon, convaincre tous les guerriers de ce qui est le meilleur pour nos deux peuples. L'alliance.

Le Guerrier se leva et ala s'incliner devant Merlin avant de déclarer :

Je suis désolé si je vous ai offensé. je vais à présent obéir à l'Intendante.

Et il sortit. Les murmures avaient repris et le doyen du Conseil leva la main.

Que ceux qui souhaitent l'alliance entre les Guerriers et les Magiciens lèvent la main.

Une majorité écrasante leva la main, convaincue par les discours de Merlin et de l'Intendante.

L'intendante eut un sourire. Elle avait remporté une victoire. Et quelle victoire! Même si elle savait, que ceci n'était que le début d'une longue guerre.

Encore une fois, le conseil a su se montrer sage. Le temps est au changement, et cette alliance n'en est que le commencement!

Puis, Onora se dirigea vers Merlin, et inclina la tête en signe de remerciement et de respect. Puis elle lui adressa un franc sourire.

Merci.

Merlin prit la main d'Onora et lui fit un baisemain, ponctué d'une révérence.

Mais de rien, chère Intendante... Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une nouvelle à propager...

Le Magicien disparut dans un éclair argenté.

La main d'une Onora stupéfaite, retomba dans le vide. Puis, la jeune femme se dirigea vers la sortie de la salle, mais se retourna une dernière fois.

Vous avez fait preuve de discernement. Et pour ceux qui ont encore des doutes, je leur demande d'attendre... et de me faire confiance.

Puis, d'un pas assuré, elle partit.

Onora entra d'un pas préssé, un air soucieux au visage.

Bonjour à tous et merci d'avoir répondu à mon appel. J'ai à vous soumettre un problème plutôt délicat...

Elle se plaça au centre de la pièce, et, prenant son temps pour respirer un bon coup, se lança.

Voilà, j'ai au palais un elfe du nom de Scylia. Qui a été trouvé par Père Loup, puis envoyé par le cercle de lune. Elle a semé nos gardes, mais nous l'avons retrouvé en ville. Elle semble vouloir se bannir d'elle-même de la civilisation Elfe. Si j'appelle le Roi, elle va mourir. Si elle reste se sera très mal accepté.

Baissant la tête en signe d'humilité, elle termina en disant:

Je m'en remets à vous, dont le jugement est toujours clairvoyant.

La salle s'emplit de murmures, et les conseillers s'agitèrent. L'intendante allait trop loin!! Le guerrier qui lui avait tenu tête lors de leur précédent rassemblement, se leva brusquement.

Une elfe? Mais vous avez donc perdue la tête? Aucun des guerriers n'acceptera celà! Déjà que l'alliance a du mal à passer!!

Onora fronça les sourcils, mais ne semblait pas pour autant en colère. "Cette fois, je le convaincrais sans mes pouvoirs!" se prit-elle à penser.

Cette elfe, n'a d'elfique que son lieu de naissance! Elle s'est coupé les pointes des oreilles, reniant par là même ses origines!

Puis elle s'avança lentement vers le guerrier.

Je sais que tu n'as pas accepté cette alliance, je sais aussi que tu étais l'un des premiers à t'opposer à ma succession à la place d'intendante. Néanmoins, chaque jour qui passe j'espère te convaincre que je mérite la place qui est la mienne.

Alors, voilà ce que je te propose, au lieu de garder cette rancoeur, que je partage je te l'avouerai, contre le peuple des elfes, va à la rencontre de Scylia. Et lorsque tu reviendras, fais ton choix.

Le guerrier parut abasourdi un court instant. Puis se levant, il se frappa le poing contre sa poitrine en clamant.

Qu'il en soit donc ainsi.

Puis il sortit de la salle du conseil.

Un garde entra alors dans la salle du conseil, se dirigeant vers Onora, il lui murmura.

Intendante, un messager Elfe a déposé une missive pour vous. Il a dit venir au nom du Roi Mahal.

Onora eut un léger froncement de sourcils, puis, se tournant vers ses conseillers elle annonça.

Lorsque Elvir reviendra, prenez votre décision selon ce qu'il vous dira. J'ai dit pour ma part, tout ce que j'avais à dire. Néanmoins, si la décision est vraiment trop dure à prendre, faites-moi appeler.

Puis elle sortit en compagnie du garde.