Promenade

Kerwin cheminait dans la lande. Il avait besoin de nouvelles et de conseil. Préférant s'éviter un voyage dans les Terres Maudites, endroit qu'il appréçiait moyennement, il choisit donc d'allez quérir le mage le plus puissant de Gaïa. Merlin.

Il pouvait sentir l'aura de puissance se dégager du Premier-Né à des lieues. Il avait donc pris la route des Landes Brumeuses, devant au passage s'occuper d'une tribu de goules en manque de proies.

Bientôt il l'aperçut, de dos. Pour un mage comme le vieux gnome, la force du pouvoir de Merlin était absolument aberrante. S'approchant doucement, il salua l'ancien bien que ce dernier l'avait probablement reperé depuis bien longtemps.

-Bonjour, Maître Merlin.

Merlin était bien la seule personne a laquelle Kerwin s'adressait sur un ton révérencieux.

Bonjour Kerwin.

Quand il se baladait dans les Landes, le Mage laissait son aura pénétrer Gaïa. Ainsi, les goules prenaient bien soin de l'éviter... Kerwin Vieux Saule... Une vieille connaissance. Vieille... dans tous les sens du terme. Car même s'il n'avait pas autant d'années que lui, Kerwin était particulièrement vieux. Pour un gnome...

Que souhaites-tu ?

Le vieux gnome s'approcha un peu plus de son homologue. Il lui répondit, toujours sur cette voix respectueuse qui était plus qu'exeptionelle chez lui.

-Savez-vous où en sont les démons, Maître ?

Kerwin s'inquiétait. Les étoiles annonçaient des temps de trouble. Il savait que les démons s'agitaient. Ils ne devaient pas quitter leur prison...

Les Démons... ces entités maléfiques qui cherchaient toujours à s'emparer du monde... Ils remuaient, cela était vrai.

Je ne sais rien, cher ami... J'ai beau scruter Gaïa, elle ne peut rien me révéler... Pour l'instant, ils se terrent dans le Bas-Monde... Et rien ne peut les déloger. Ils sortiront quand leur heure arrivera. Et nous serons là pour les arrêter, une fois de plus.

Kerwin laissa durer quelques instants le silence... Il réfléchissait. Ainsi donc les démons reviendraient. Plusieurs questions s'imposaient à lui. Il commença par une. Pas question d'agir comme un gamin, même si c'était ce qu'il était face au Premier-Né.

-Maître, ne pourrons-nous pas les empêcher de sortir ?

C'était cet impression d'impuissance qui le vrillait le plus. Devoir attendre que l'ennemi te tombe dessus à bras-le-corps... Même lui qui n'était pas un stratège, loin de là, trouvait cela stupide.

Les empêcher de sortir...

Non. Et tu le sais bien, cher ami. On ne sait jamais par où ils arrivent. On peut juste se défendre.

Oui, se défendre... Toujours les mêmes assauts violents se terminant par des bains de sang... Où frapperont-ils cette fois ? Brocéliance ? Avalon ? Personne ne pouvait le prévoir... Pas même Merlin, pourtant Prince des Magiciens.

Je sais très bien que cette méthode est loin d'être parfaite. Mais tu sais bien que si nous tentons quoi que ce soit, les Démons auront le dessus. A moins qu'on arrive à concilier la force de mes Magiciens et celle des Guerriers... Et là, nous serions vraiment des Initiés.

Kerwin fulminait en lui même. Merlin lui avait donné des réponses qu'il craignait. Qu'il craignait ou plutôt, comme l'avait dit le vieux mage, qu'il savait au fond de lui. Il tapa dans un caillou non loin de rage puis se reconcentra sur le discour de son interlocuteur.

-Vous avez espoir de les concilier, Maître ?

Merlin s'amusait de voir Kerwin dans cet état de colère. Cela n'arrivait pas souvent. Devant lui en tout cas.

Je sais à quel point tu craignais ces réponses. Mais je ne dois pas te mettre dans le doute. Tu as le droit de savoir, tout comme tous les autres Féériques.

Un silence.

Pour les deux peuples de la cité d'Avalon, oui, je pense pouvoir convaincre l'Intendente de réunir nos deux peuples sous une seule bannière. C'est faisable, mais il ne faut pas que je fasse d'erreur...

Kerwin se calma un peu. Il médita rapidement ses paroles et en sortit avec une idée renforcée. Il serait près à acceuillir les démons, et il ferait tout pour que ses semblables le soient de même. Ca allez bouger au Conseil des Anciens... Avant de partir, il ajouta :

-Bien. Je vais prendre congé, Maître. Si je peut vous aidez en quelque chose que ce soit, prévenez moi.

Merlin savait qu'il pouvait compter sur son vieil ami.

Oui, je n'hésiterai pas une seconde, tu le sais.

Merlin resta longtemps à réfléchir sur son rocher. Peu à peu, il diminuait son aura magique pour pouvoir se distraire avec quelques créatures. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas affronter quelqu'un de sa force. Mais cela viendrait, bien assez tôt.

Les ténèbres viennent toujours.

Merlin avait lâché cette phrase presque inconsciemment. Mais elle était toujours vraie. Encore une fois, les ténèbres allaient venir.

J'ai encore beaucoup de travail à faire avant que ce moment n'arrive...

Délaissant les Landes Brumeuses, Merlin rentra à Avalon