Appartements de l'Intendante.

Après son entrevue quelque peu houleuse avec le Seigneur Mahal, Onora était revenu directement à ses appartements. Assise à son bureau, elle était plongée dans ses pensées.

Elle n'avait pas confiance en Mahal. Seulement elle ne devait pas montrer son animosité envers lui de peur qu'elle n'apparaisse comme contre la décision du conseil, celle de faire revenir les elfes en Avalon. Ce dont elle était tout à fait favorable...

Elle pensa soudainement à Scylia, puis à la visite que le Guerrier devait lui rendre. Elle commença alors la rédaction de deux papiers: l'un désignait Scylia comme étant devenue citoyenne à part entière d'Avalon, l'autre comme étant renvoyée sur la lune, à la merci des lois de son peuple. L'intendante avait fait son choix. Malheureusement celui-ci ne dépendait pas que d'elle...

Onora entendit une voix...

Coucou !

Merlin venait d'apparaître comme par magie (comme c'est bizarre...) dans les appartements de l'Intendante... Il était habillé d'une vaste robe noire, qui tranchait admirablement avec ses cheveux blancs et ses yeux gris. Et il était en forme...

Vous allez bien ?

Onora eut un sursaut

Merlin, nom de... !!!!!

Votre absence était dû au fait que vous faisiez les tavernes du coin ou quoi?

Tout en prononçant ses paroles, la jeune femme s'était levée, et avait néanmoins esquissé un sourire. Elle prit un faux air menaçant tout en lui demandant.

J'espère au moins que vous avez une bonne escuse pour cette arrivée fracassante!

L'Intendante avait pris le sens de la répartie au bout de quelques années, et aujourd'hui, elle aussi était en forme...

Merlin eut un sourire franc. L'Intendante était en forme, tant mieux, il allait pouvoir s'amuser...

Moi ? Ecumer les tavernes ? Vous avez raison, je devrai rajouter ça sur la liste de mes prochaines occupations... Mais non, j'étais parti rendre visite à la Dame du Lac... Mais bon, ça revient presque au même.

Merlin regarda autour de lui et dit :

Décidément, la décoration change pas souvent ici...

Puis, il se tourna de nouveau vers Onora :

Et vous toujours autant de travail ?

Il arborait un grand sourire.

La Dame du Lac! Et bien, vous avez l'art de prendre du bon temps au moment où on a le plus besoin de vous...

La jeune femme arborait un grand sourire elle aussi.

Pour la décoration, si vous avez quelques idées à me soumettre... et puis si vous pouvez vous en occuper tant qu'à faire ce ne serait pas de refus non plus!

Elle se mit à marcher à travers son bureau

Quand à la dernière question, vous en connaissait parfaitement la réponse.

Son sourire s'était quelque peu effacé et une barre soucieuse s'était dessiné sur son front.

J'ai en ce moment un problème avec une elfe réfugiée en Avalon...

Merlin avait vu l'elfe quelques heures plus tôt. Il éluda les autres réponses et arriva dans le vif du sujet.

Ah, Scylia, c'est ça ? Le problème est résolu. Je suis allé la voir, je lui ai offert la citoyenneté et un poste comme messager du Conseil Féérique... Vous n'avez même plus besoin de vous en occuper... Par contre on risque d'avoir quelques problèmes avec le représentant des guerriers... Je l'ai rencontré, il était plutôt furieux d'être passé avant moi...

Vous avez...quoi?

Le ton d'Onora exprimait franchement la surprise, elle s'affala, aussi dignement que possible, sur son fauteuil de bureau et pris sa tête entre ses mains.

Dites-moi l'utilité d'être Intendante si on fait le boulot à ma place?

La jeune femme se mit à réflachir rapidemment

Depuis que j'ai été appelé à prendre la succession de mon père, Lucien a tout fait pour faire changer d'avis le conseil. Il va sûrement penser que je vous avait demandé de vous occuper de Scylia pour imposer sa citoyenneté au conseil...

Attendez, je peux répéter si vous voulez... Mais je suis sûr que ce n'est pas la peine et que vous avez parfaitement compris le message... Et puis, j'ai pas vraiment fait tout le boulot puisque ce Lucien est en ce moment même en train de papoter avec ses copains du Conseil... Et il a l'air de vouloir nous descendre tous les deux.

Merlin parlait avec télépathie avec un des guerriers acquis à sa cause. Et celui-ci lui fournissait tous les renseignements sur la discussion du Conseil. Ce à quoi le Magicien lui était reconnaissant...

Bon, apparemment, on va être accusés de Haute Trahison... Je crois que je vais aller leur dire bonjour, ça vaut mieux. Parce que si ça continue, on va avoir une armée de Guerriers sur les bras.

L'Intendante se leva brusquement.

Quel espèce de..!!! Il sait que la seule raison pour laquelle je peux être destituer de mon poste, c'est que je sois coupable de haute trahison! Je ne sais pas comment il a tourné l'affaire, mais tout ça risque de finir à son avantage!

Elle se dirigea d'un pas décidé vers Merlin.

Je viens avec vous.

Merlin dit d'une voix amusée.

Nan.

Il vit le visage surpris de l'Intendante et reprit :

Bah ouais, j'ai envie de m'amuser... Et puis... si vous venez avec moi, ils vont tous croire que ce sera pour réfréner mes ardeurs... Si je suis seul, je risque de leur faire encore plus peur ! Croyez-moi, je suis capable de nous défendre...

Le Magicien lui fit un clin d'oeil claqua des doigts.

A plus !

Onora fronça les sourcils, il était hors de question que Merlin la défende, celà ne ferait qu'aggraver les choses de voir que l'Intendante se cache derrière le mage.

Elle se dirigea donc d'un pas rapide vers la salle du conseil.

Onora franchit la porte de ses quartiers, et, ce n'est qu'une fois qu'elle furent bien refermée, qu'elle s'autorisa à se laissa aller dans un fauteuil.

Elle était exténuée.

Bien entendu, Merlin l'avait suivie.

Excellente idée, ce duel. Et si vous avez pris cette décision, c'est que vous avez déjà quelqu'un, non ?

Il fit apparaître deux verres d'eau et en tendit un à l'Intendante.

Vous allez prendre un de vos gardes, je suppose...

Elle attrappa le verre d'eau que Merlin lui tendait et en but une gorgée en murmurant un rermarciement.

Un de mes gardes? Non... ce sont des Guerriers qui se sont sur-entrainés pour entrer à mon service. Ils sont méthotique et ne combattent sans aucun sentiment. Des brutes. Ils n'ont aucune chance de gagner.

Elle but une nouvelle gorgée d'eau tout en gardant le silence. Elle avait déjà sa petite idée... certes, un peu délurée...

Merlin répondit avec amusement :

Et vous allez me tenir en halaine encore longtemps ou je dois vous tirez les vers du nez ?

Ce qui n'était pas une blague, Merlin était un magicien hors pair, il pouvait fort bien faire apparaître des vers dans le nez d'Onora...

Un sourire las apparut sur le visage de la jeune femme, qui avait compris de suite.

Je ne laisserai pas ce plaisir.

Elle se leva alors, posa son verre, et se mit à faire les cent pas, signe qu'elle était en proie à un combat intérieur. Soudain, elle s'arréta et plongea son regard dans celui de Merlin.

Leander.

Merlin recracha toute l'eau qu'il venait de mettre dans sa bouche. Et par le nez en plus. Si vous avez déjà vécu ça, vous pouvez imaginer à quel point c'est désagréable... Toussant, il répondit péniblement :

L'assassin ? Vous allez engager cet assassin pour combattre le représentant des Guerriers d'Avalon ? Je connais son talent, certes, mais... vous pensez vraiment ce que vous dites ?

Onora tendit une serviette en papier à Merlin avec un demi-sourire.

Je suis navré de vous dire que je n'ai jamais été aussi sérieuse.

La jeune femme était parti sur son balcon, invitant le mage à la suivre. Plongée dans la contemplation de la ville, elle entendit au loin un air de flûte, jouant la marche funèbre...

Je pense même que c'est le choix le plus sensé que j'ai eu à faire.

Merlin avait bien entendu simuler l'accident et arborait maintenant un grand sourire.

Et vous pensez le trouver où votre Leander ?

Ah vous avez enfin décidé de parler sérieusement..

Lui répliqua Onora en guise de réponse. Puis, après un instant de silence elle annonça.

Je vais aller faire un tour au Garou Lubrique lorsque vous serez parti.

Merlin eut un sourire encore plus franc.

Je suppose que c'est une invitation à prendre la porte... Je ne vous donnerai pas ce plaisir, puisque ce n'est pas par là que je vais sortir.

Et il disparut. Et il réapparut.

Elle était pas belle ma rime ?

Et il disparut de nouveau. Pour de bon cette fois.

Onora eut un léger rire, puis, elle se dirigea vers une armoire, et se changea. Elle remit les habits qu'elle portait presque tout les jours lorsqu'elle n'était pas Intendante. Elle avait revétue un pantalon de toile blanc, puis une tunique de cuir noir tirant sur les verts... ainsi elle ressemblait à n'importe quelle guerrière. Elle enfila de longues bottes de cuir, ainsi qu'une cape de toile noir. Attachant ses longs cheveux en queue de cheval, elle rabattit sa capuche sur sa tête et c'est en toute discrétion qu'elle quitta le palais.

Onora était revenue au palais une vingtaine de minutes après avoir quitté Leander... elle avait flané dans la ville, appréciant le fait d'être comme les autres. Bizarrement ses pas l'avaient conduit là où elle avait rencontré Leander pour la première fois...

A présent, le soleil était en train de se coucher, et Onora était toujours enfoncée dans son fauteuil, les genoux ramenés sous son menton, et la tête posée dessus.

Elle réfléchissait...

Réfléchissez bien surtout... parce qu'avec ce que vous m'offrez pour l'instant, je n'accepte pas votre contrat.

Leander était dans la chambre de l'Intendante. Il avait escaladé le mur du palais sans aucun bruit et sans laisser de trace.

Onora eut un sourire triste.

Je suis désolée.

Elle se leva et rejoignit le jeune homme.

VOus avez du croire que je vous prenez pour le dernier des abrutis tout à l'heure...

Seulement je ne pouvais pas vous en dire plus. N'importe qui aurait pu entendre ce que j'avais à vous dire.

Puis elle invita Leander à s'assoir, et, quand à elle, elle se plaça devant sa fenêtre, les mains croisés derrière son dos.

Je sais que l'amnistie n'est pas une chose qui vous convient. Officiellement c'est donc la récompense que je vous offrirais. Ensuite, vous serez libre de faire ce vous voulez, et les autres penseront: "tant pis pour lui!".

Cependant je vous offre une place dans ce palais. Vous aurez ma protection tant que vous serez dans son enceinte, à l'extérieur je ne pourrais malheureusement rien pour vous. Vous serez libre d'aller et venir ici comme bon vous semblera. A côté de celà j'aimerais que vous acceptiez de travailler pour moi. J'aurais besoin d'un allié parmi la guilde.