Salle du Conseil

Le représentant des Guerriers était furieux. Il marchait d'un pas plus que vif dans les couloirs tandis que les gens s'écartaient sur son passage pour ne pas être pris dans sa folie meurtrière. A cette heure-là se déroulait le Conseil des Guerriers. Il était en retard, ce qui achevait de le rendre particulièrement furax. Il ouvrit la porte qui frappa le mur avec fracas et la referma tout aussi violemment. Le silence se fit après cette entrée... bruyante. Mais ça n'avait pas calmé le Guerrier. Il se placa au centre du demi-cercle formé par le Conseil et vociféra :

J'en ai plus qu'assez ! Cette Intendante... et cet Enchanteur ! Ils complotent derrière notre dos à nous, les Guerriers ! Ils n'en ont pas le droit ! Une elfe est devenue citoyenne de la ville d'Avalon ! C'est inacceptable ! Les elfes doivent être reclus sur la Lune, ils ne peuvent venir en Avalon et ce, depuis longtemps ! Et ils osent piétiner cette règle et tout ça au nom de ce Conseil de viellards qui se nomme Conseil Féérique !

Deux Anciens se lèvent en même temps.

Le Conseil Féérique est très compétent. Ils sont les garents de toute la société de Gaïa. On ne peut leur ôter ceci.

L'autre reprend :

Peut-être... Mais pourquoi c'est Merlin qui représente les Humains ? Un magicien... mais pas de guerrier ! C'est un affront à toute la race humaine !

Il est coupé par l'un des Anciens qui est resté debout :

Il était là avant même que ton père ne soit une pousse dans les testicules de son père ! Et encore, ce dernier était loin d'être né !

Quelques rires fusent. Le représentant rougit mais reprend, toujours aussi virulent :

Quoi qu'il en soit, ils n'ont pas le droit de laisser une Elfe fouler notre territoire ! Et encore plus de lui donner un poste de si grande importance dans ce royaume. Je demande que l'Intendante soit destituée de ses fonctions et que Merlin soit remplacé au Conseil par un Guerrier !

Les rires se sont arrêtés depuis longtemps. Et maintenant, ce sont les murmures qui partagent son auditoire. Un membre du Conseil se lève et explose :

Il est vrai que les Elfes n'ont pas lieu de parcourir nos terres. Mais on ne peut destituer l'Intendante pour une raison aussi futile ! Il est écrit dans nos lois que l'Intendante est relevée de ses fonctions que si le crime commis est la haute trahison. Mais il me semble que ce n'est pas le cas ! Ensuite, Merlin est le plus à même de nous représenter au Conseil. Il est le seul à avoir vécu assez longtemps pour tout connaître de notre espèce. Le jour où un guerrier aura le droit de se rendre au Conseil n'est pas encore arrivé !

L'autre répond avec calme.

Et si l'Intendante laissait les Elfes obtenir des informations capitales sur notre Royaume avec cette jeune Elfe ? Ne serai-ce point une trahison ?

Le Conseil murmure. Il décide d'aller délibérer sur la question. Il donnera sa réponse plus tard au représentant. Satisfait, celui-ci sort de la pièce en se frottant les mains...

Coucou les copains !

Merlin venait de faire irruption dans le Conseil des Guerriers. Tous se retournèrent vers lui et le foudroyèrent du regard tandis qu'il se fendait en une large révérence. Il se releva, les regarda et les considéra d'un air faussement surpris.

Oula, vous êtes pas contents de me voir... Ca tombe bien, moi non plus. Alors, que se passe-t'il ici... On veut nous inculper l'Intendante et moi pour haute trahison ? C'est pas bien... Vous savez qu'il fut un temps où je vous aurait tous transformé en crapeaux pour avoir juste formulé cette pensée ?

Il fit quelques pas ponctués de gestes théatraux..

Mais bon, comme je suis bon Prince, je vais vous laisser vous expliquer... Et moi, je vais me défendre. J'espère que vous n'y voyez aucun inconvéniant...

Onora entra dans la salle en coup de vent, elle se plaça aux côtés de Merlin, et s'exclama d'une voix calme, presque enjouée.

J'écoute moi aussi vos explications, j'avais justement besoin de rire un peu cet après-midi...

Elle jeta un rapide coup d'oeil en direction du représentant des Guerriers puis continua.

J'aimerais savoir avec précision ce qui a provoqué le trouble parmi ce conseil, je vuos demanderais donc d'aller droit au but cher Lucien. Et puis, si vous le permettez, je me défendrais moi aussi ensuite.

Le Représentant des Guerriers ne fut même pas étonné de voir que l'Intendante le visait directement... en revanche ce qu'il ne comprenait pas c'était leur attitude désinvolte.

L'explication est on ne peut plus simple Intendante: Vous avez trahi tout les membres du conseil en prétextant que la décision à propos de Scylia devait être prise ensemble, alors qu'à côté de celà vous avez envoyé Merlin lui confier un poste de haute importance!
Mais vous avez aussi trahi tout le peuple des Guerriers en acceptant une elfe à Avalon. Car nous connaissons cette espèce, elle va avoir connaissance de nos secrets et s'en servir pour nous détruire.

Vous êtes donc coupable de haute-trahison, et vous savez ce que celà signifie...

Depuis que vous avez pris le poste de l'Intendance, vous prenez ce rôle à la légère, en faisant des changements inconsidérés! Les coutumes et les moeurs de notre peuple sont vieilles de plusieurs millénaires! POur qui vous prenez-vous pour les braver? Votre père aurait eut honte de vous voir comme celà!

Il avait fini sur une remarque qui, à coup sûr, atteindrait Onora en plein coeur. Satisfait, il reprit sa place parmi le conseil.

Merlin répondit alors, sans se départir de son air joyeux :

Cher Lucien, laissez moi répondre à la place de notre Intendante.

Il s'approcha de lui et, tandis qu'il s'approchait, il sembla au guerrier que le mage grandissait et que son ombre le recouvrait tout entier. La voix de Merlin devint sérieuse et froide :

C'est le Conseil Féérique qui a donné ce poste à Scylia. C'est le Conseil Féérique qui lui a donné la citoyenneté. Et c'est aussi le Conseil Féérique qui m'a envoyé et non l'Intendante.

Merlin s'éloigna de Lucien, qui n'en menait pas large.

Et vous allez faire quoi contre ça ? Inculper le Conseil Féérique pour haute trahison ? Bien sûr... Nous vous attendons. Et de pied ferme.

Lucien parut un court instant effrayé, mais il se reprit bien vite, et se leva pour faire face à Merlin.

Nous ne pouvons rien contre vous l'enchanteur, mais contre ELLE *il pointa Onora du doigt* Oui! Ce n'est pas sa première erreur! Elle a approuvé votre décision concernant Scylia, elle s'est laissé embarqué dans cette histoire d'alliance, au risque de laisser Vos Magiciens découvrir nos secrets... et bien d'autres encore!

POur tout celà, je crie à la TRAHISON!!!!!

Son ton était allé crescendo, et il avait fini de façon presque théâtrale... Si bien que certains réticents du conseil commençait à l'approuver.

Un applaudissement sonore rompit le silence pesant qui s'était installé. LE sourire d'Onora avait disparu. Un éclair de rage passa dans son regard. Elle venait d'entrer dans un état que seul les ennemis qu'elle combattait à l'épée connaissait. Et nul n'était revenu pour en parler.

Ce fut cependant sur une voix parfaitement maitrisée, et presque enjouée qu'elle commença à parler.

Bravo! Vraiment Bravo. Vous m'impressionnez de jours en jours mon cher Lucien! On vous a jamais dit que vous aviez loupé votre vocation?

Puis, elle commença lentement à se mouvoir dans sa direction. D'un pas silencieux, souple, d'une grâce féline... comme guettant sa proie.

Vous avez du passer du temps sur votre discours... mmh? Et puis, vous y avait mis du coeur. Oui j'en aurais presque été convaincue que j'étais coupable moi aussi... malheureusement pour vous, il y a un "presque".

Vous savez comment j'appelle celà? De la diffamation... Surtout quand on sait la vérité...

Le traître dans cette salle c'est vous! Depuis que j'ai été nommé Intendante, vous avez tout fait pour me mettre des bâtons dans les roues... j'espérais que celà se calmerait avec le temps mais manifestement...

Onora commençait à en arriver au fait. Elle avait l'idée qui lui trottait dans l'esprit depuis quelques temps... il fallait qu'elle se lance.

Je ne me lancerait pas dans d'explications vaines, que tout le monde connait déjà. Alors, je vais moi aussi me plier aux lois Guerrières, qui dit, que si il y a conflit et déshonneur, un duel doit avoir lieu.

Guerrier, vous m'avez déshonnoré devant tout le conseil en osant me compromettre dans une affaire de haute-trahison, je demande donc que celà soit lavé par le sang!

Lucien ne savait plus du tout où se mettre cette fois. Il chercha du regard un soutien dans le Conseil mais personne ne vint l'aider. Un Ancien se leva et déclara d'une voix calme.

Lucien, tu dois accepter le duel qui t'a été proposé. Par contre, nous ne pouvons laisser le soin à l'Intendante de participer elle-même à ce duel. Elle doit donc trouver un Champion. Merlin ne peut remplir ce rôle, l'adversaire de Merlin ne devant pas posséder de pouvoir magique. Je serai moi-même l'arbitre de ce duel. Il se déroulera après-demain, quand le soleil sera à son zénith.

Le représentant des Guerriers avait parfaitement compris le message. S'il refusait, il serait couvert de honte et déshonnoré. Il se tourna vers l'Intendante et lui dit d'une voix pleine d'arrogance :

J'accepte votre défi, Intendante. Si votre Champion meurt, vous serez destituée. Si je perds, je renonce à mon poste de représentant des Guerriers et à ma place au Conseil.

L'Ancien déclara alors :

Bien. La session d'aujourd'hui est achevée.

Le Conseil se leva, souhaité une longue vie à l'Intendante et sortit de la pièce dans un brouhaha indescriptible.

Onora se prépara à partir à son tour, mais, avant de franchir la porte, elle se tourna une dernière fois vers Lucien en disant

N'oubliez pas, que dans un duel entre Guerriers, les armes sont les épées et non les mots!

Puis elle retourna à ses appartements.